Quand la vigne dort, les coopérateurs veillent

Cave d'Adissan - Quand la vigne dort, les coopérateurs veillent
03/12/2025

Lorsque l’hiver s’installe sur les vignes d’Adissan, tout semble immobile. Pourtant, derrière ce calme apparent, un autre ballet commence. Loin de l’effervescence des vendanges, les vignerons poursuivent un travail essentiel, discret, presque intime. Dans cette période de repos végétatif, se joue déjà la qualité du prochain millésime. À la cave d’Adissan, l’hiver n’est jamais une pause : c’est une transition, une transmission, un temps pour préparer l’avenir.

Soigner les sols : la première étape du travail de la vigne en hiver

À peine les vendanges terminées, les coopérateurs revitalisent les sols. Le mois de novembre marque le début de ce travail de la vigne en hiver, indispensable pour aider la plante à récupérer après l’effort de la vendange. Le sol est d’abord décompacté pour être aéré. Ce labour léger permet à la terre de respirer à nouveau, de retrouver souplesse et oxygène. Vient ensuite l’apport de fumure organique : un amendement 100% naturel qui nourrit le sol et prépare la vigne à son réveil printanier. Dans cette période de fin d’automne, la sève descend, les feuilles tombent, les bois sèchent : c’est le signe que la vigne entre véritablement en repos.

Pendant ce temps, les vignerons prennent aussi un peu de hauteur. En décembre, ils se réunissent pour analyser le millésime, comprendre la vendange, observer la vinification, anticiper les défis climatiques. Chaleurs extrêmes, stress hydrique, maladies… autant de paramètres qu’il faut intégrer dès maintenant pour mieux conduire la vigne demain. C’est dans ces échanges, souvent simples et directs, que se construit la vision collective de la cave d’Adissan pour l’année qui vient.

La taille : l’art patient des vignerons d’Adissan

De la mi-novembre jusqu’à la fin mars, les vignes d’Adissan deviennent le théâtre de l’un des gestes les plus emblématiques du cycle viticole : la taille. Ici, chaque souche est observée et sculptée. Les vignerons avancent dans les rangs comme des artisans, façonnant la réussite de la future récolte. La taille n’est pas un geste mécanique. C’est un langage. Une manière d’orienter la vigueur du pied, de choisir quels rameaux porteront les grappes, d’assurer longévité et qualité. Les sarments coupés ne sont pas perdus : ils sont broyés puis réintégrés au sol, enrichissant naturellement les parcelles. Un proverbe ancien, encore très présent dans la transmission, dit :

« Taille tôt, taille tard, rien ne vaut la taille de mars. »

En mars, la sève commence à remonter et l’on dit que la vigne « pleure ». Cette goutte qui perle sur la plaie fraîche est une désinfection naturelle. Une sagesse de coopérateurs, transmise de génération en génération, que les vignerons gardent toujours à l’esprit même si les temps ont changé. L’hiver est aussi le moment de mettre de l’ordre dans les rangs : nettoyer les parcelles, réparer les palissages, vérifier les fils, remplacer les piquets fatigués. Autant de détails qui garantissent la bonne conduite de la vigne quand le printemps arrivera.

Planter, transmettre, préparer l’avenir : l’hiver comme temps long

Début janvier, un autre chantier démarre : la plantation ou le renouvellement de certaines parcelles. Les coopérateurs arrachent des vignes vieillissantes, choisissent les cépages les mieux adaptés au terroir, au climat, au cahier des charges de l’AOC ou aux attentes du marché. Ce travail se fait dans le cadre de plans de reconversion soutenus par l’État, permettant d’accompagner l’évolution du vignoble avec cohérence. Mais l’hiver, à Adissan, ce n’est pas seulement l’entretien ou la plantation. C’est aussi un moment où l’on prend le temps de parler, d’échanger, de partager des pratiques. Les discussions se font souvent entre les rangées, entre deux coups de sécateur, ou à la cave, autour d’un échantillon de vin en gestation. C’est dans ces instants que se tisse la force du collectif d’Adissan. Les vignerons d’Adissan le savent : c’est en hiver que se construit silencieusement la qualité d’un millésime. C’est là que se prépare la vigne, que se consolide le savoir-faire, que se transmettent les gestes.

L’hiver, à Adissan, n’endort rien : il révèle au contraire la constance et la patience des coopérateurs. Lorsque la vigne se repose, eux veillent, écoutent la terre, sculptent les souches et préparent la renaissance du printemps. Un travail discret, mais fondamental, qui perpétue l’identité de la Clairette d’Adissan et le lien profond entre les hommes et leur terroir.